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Chroniques au Val

Ligericus sum, nil Ligeris a me alienum puto.

Carnet d’adresse

De la pluralité en général ...

Carnet d’adresse

Une singulière conception de la diversité des sources.

 

 

Notre bonne gazette a, pour tous les sujets concernant la charcuterie, un carnet d'adresse au singulier. Ailleurs, chez nos voisins d'amont et d'aval, fort heureusement, le Goret ne se résume pas à un seul homme fût-il sympathique et photogénique. La pluralité de la presse professionnelle est une nécessité, ou nous tombons dans le travers d'une collusion entre journalistes et référence unique. Si la cause est perdue à Saint Berdolin sur Loire, il est temps néanmoins de prendre conscience que ce rapport hégémonique sur les questions charcutières nuit grandement à la qualité de l'information car il y a diversité des points de vue qu'un seul homme, fût-il historien autoproclamé de la cochonnaille, sympathique grand mitron officiel de la ville, ne peut, à lui seul, garantir. À moins que le but recherché ne soit ailleurs …

Ceux d'entre nous qui aiment la pluralité ne supportent pas cette étrange situation qui laisse bien des gens se faire du mauvais sang loin du billot. D’autant que nos plumitifs ne sont pas les seuls à agir ainsi. Les télévisions régionales ou nationales agissent de la même manière: une seule adresse pour tous les sujets sur les produits porcins du coin, un lien commode et confortable qui permet de ne pas se donner la peine de trouver un autre interlocuteur. Pour la cuisine, le boudin, le pâté, l'histoire, l'élevage ou bien le festival de Truie libérée ou de Verrat Cité, l’homme est filmé sur toutes les coutures ; sa jactance est sans limite : il pérore, il ratiocine, il déblatère, il affirme, il plastronne ; qu’importe le sujet puisqu’il est le seul à être sous les feux des projecteurs. On ne peut le lui reprocher puisque ces braves gens ne veulent que lui, ne réclament que lui.

Depuis qu'il s'est autoproclamé expert porcin , ses affirmations ne sont même pas sujettes à vérification. Le journalisme de la complaisance ne se soucie guère de contrôler ses sources pourvu qu’elles soient agréables à regarder et, sans doute, qu’elles fournissent quelques menues contreparties. Les sujets dits de « consumérisme gourmand », à la mode de la télévision de divertissement, doivent être lisses, sans aspérités, conformes à l’opinion générale et dénués de controverse.

On se presse comme à confesse dans sa boutique et son laboratoire ; on y tire de belles images, on s’amuse de sa bonhomie et de son sens de la formule. L'homme a de la faconde et un bon vernis social. C’est un excellent client, un sujet sans objet, ajouterais-je, tant le risque de la surprise est totalement absent d’un discours plus commercial que fondé. Plaire, avant tout PLAIRE et séduire le futur touriste. Les journalistes et leur modèle ont le même objectif et tout le monde est content au royaume des petits cochons roses.

La charcuterie est son bocal, sa chasse gardée. Il y tourne en rond sous les objectifs admiratifs des caméras et des micros qui se tendent complaisamment. Pourquoi irait-on chercher ailleurs quand on tient là un parfait modèle du consensus mou ? Alors, de maison de production en société de communication, on se refile le bon tuyau : celui qui ne fera aucune vague, qui donnera une belle impression, qui dispensera le téléspectateur de penser. Tout est parfait dans le meilleur des mondes où à Saint Berdolin sur Loire, le charcutier d’opérette est le plus parfait miroir aux alouettes.

Consul plénipotentière de la cité porcine, notre homme plaît aux notables, flatte leur désir d’images d’Épinal. On l’adule, on le vénère, on lui passe ses fantaisies et ses caprices, on lui déroule le tapis rouge, on lui ouvre toutes les cuisines de la cité. C’est ainsi que se crée une situation de position dominante, un statut à part, une fonction implicite de Prince des médias. Le danger est grand de perdre en crédibilité devant pareil privilège. C’est le piège dans lequel tombe notre homme, grisé par l’exclusivité qui est désormais la sienne, toujours dans l'entre-soie.

Reconnaissons son adresse, admirons sa faconde, félicitons son désir d’occuper toujours la scène côté cour et côté porcin. Il sait avoir l'oreille des médias et qu'importe si ses commentaires tournent en queue de cochon. En cela il ne peut être coupable d’occuper une place que d’autres se refusent à prendre. Il y a pourtant des interlocuteurs potentiels autres que lui et c’est aux médias de se montrer clairvoyants, de ne pas créer ainsi une statue du Commandeur qui finit par desservir celui qu’ils honorent un peu trop. Ce monde des flatteurs a trouvé son maître : le maître-queux courbé n’est jamais bien loin de la fable qui lui fut dédiée.

Ce qui se passe ici doit se reproduire ailleurs. Le petit monde de la communication aime se simplifier l’existence par des raccourcis commodes. Ce que je constate et déplore dans cette ville où je suis saigné à blanc par l'impôt local, doit se dérouler pareillement ailleurs. Il ne faut pas être dupe et cesser d’idolâtrer ces petits sujets sans intérêt qui viennent apporter un peu de pittoresque dans la laideur du quotidien. Allez par vous-même rencontrer les gens ; faites en sorte de trouver les personnages authentiques : ils sont rarement ceux que vous donnent à voir nos médias sans imagination. Pour avoir des racines, il faut des ailes ; en user soi-même et oser mettre son groin partout.

Courroucement leur.


 

Carnet d’adresse
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I
Marre de ces gens dont la seule qualité est d'être populaire -on se demande bien pourquoi -quel charme possèdent-ils donc pour attirer ainsi les foules crédules avec la bienveillance des médias? Pour ma part , je pense qu'ils ne sont ni plus ni moins que des charlatans ou des escrocs , ce qui revient au même.<br /> Billet très jouissif !
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C
Inocybe de Patouillard<br /> <br /> Charlatan est excessif mais assez juste à vrai dire<br /> Escroc n'est pas démontré<br /> <br /> Le seul talent est la popularité, la popularité est un talent