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Chroniques au Val

Ligericus sum, nil Ligeris a me alienum puto.

À mes vigies sublimes.

Elles me donnent des ailes ....

À mes vigies sublimes.

Mes « redresseuses » de fautes.

 

Écrire ainsi chaque jour n’est pas chose aisée surtout quand, en prime, on est affublé d’une dysorthographie pathologique et d’une incapacité chronique à se relire. Le temps d’écrire cette première phrase, mon correcteur automatique m’a signalé quatre fautes, la plupart de frappe, dues aux doigts gourds et au cerveau réfractaire à la rectitude.

 

Mais la machine ne peut suppléer le regard acéré d’une correctrice impitoyable traquant le désaccord, repoussant le barbarisme et réfutant les fautes de temps et de mode. Mieux même, la dame qui œuvre dans l’ombre, s’amuse à glisser sa petite note personnelle, son cher imparfait du subjonctif et ses indispensables points virgules. Je ferme avec jubilation les yeux sur les fantaisies de cette dame qui, depuis trois années, veille jalousement sur la conformité de ma prose et parfois sur la métrique de mes vers de marmiton.

 

Je redoute que la lassitude ne fasse un jour son œuvre : elle doit supporter ce rythme effréné, cette obligation journalière de surveiller la rhétorique d’un « écriveur » compulsif et de lui octroyer forme acceptable et néanmoins présentable. La dame a pensé rendre son tablier et j'ai craint de me retrouver à nouveau sans vigie pour surveiller mes doutes et ma route. Je ne vais pas me lamenter ; c’est ma faute et celle-là n’est pas orthographique : je finis par fatiguer même les plus opiniâtres et elle est de celles-là.

 

Ma chère correctrice inconnue fait partie de cette cohorte silencieuse des correctrices de l'ombre. A moi les fautes honteuses, à elles la lourde charge de les gommer pour donner une allure acceptable à mes humeurs quotidiennes. Elles en ont vu défiler des horreurs, elles ont dû en supporter des imprécisions, des mots oubliés, des contresens et des lapsus plus que significatifs !

 

À tour de rôle et d'entrée en mission corrective, elles ont fermé les yeux sur mes turpitudes pour donner à l’ensemble une allure publiable, un vernis que parfois, elles devaient passer à ma place. Elles furent patientes, bienveillantes, attentionnées, protectrices, correctrices. Puis le poids de la tâche, un jour, finit par leur apparaître plus insurmontable encore que mes négligences et sans doute mon ingratitude. Un jour ou l'autre , elles rompent leurs vœux et quittent ma toile. Elles sont ainsi quelques-unes qui ont fini par en avoir assez de ce cancre incorrigible.

 

Les prédécesseurs (ce mot n’ayant étrangement pas de féminin) de ma correctrice actuelle furent moins tenaces, moins fidèles à leur besogne. Il faut avouer qu’à mes débuts, la valse des coquilles était considérable ; je devais les exténuer, ces vigies sublimes et, sans doute, les horripiler avec mes errements graphiques. Elles cédèrent bien avant ce record de trois années qui semble être imbattable. Faites le calcul, mille quatre-vingt quinze billets auxquels il faut ajouter les chansons et les fables : un travail de Romain qui finit par en perdre son latin mais la dame qui revendique ses origines nordistes ne renonce toujours pas : «  Les Flamandes , ça n'est pas mollissant ».

 

Mes anciennes dames Bescherelle restent pourtant, je le sais, lectrices amusées de cette profusion verbeuse. Elles doivent plaindre celle qui agit dans l’ombre, sachant combien la tâche relève de l’épreuve. Elles savent aussi les impatiences du bonhomme, son désir de ne pas attendre, d’être servi dans la journée. Elles n’ignorent rien de ses ingratitudes et de ses travers. Je les salue encore une fois, n’ayant jamais su reconnaître à sa mesure cette immense collaboration.

 

Je profite de ce texte pour les saluer, les remercier, les honorer, ces anciennes forçats de ma compulsive assuétude comme celle, silencieuse et discrète qui agit en ce moment avec une fidélité digne d'éloges. Elles eurent, elles aussi, bien du mérite. Sans elles, je serais orphelin, en grand danger d'un ridicule qui tue le graphomane. Je ne peux décemment me présenter à vous en retirant ce voile protecteur qui me donne respectabilité et lecteurs. Sans ce dépoussiérage indispensable, mes bourdes sont si grossières que vous feriez alors comme mes professeurs d’antan : vous ignoreriez le propos pour crime orthographique.

 

Alors je lance ici un appel aux bonnes âmes, aux virtuoses de la grammaire, aux chantres de la rectitude, aux secouristes du lexique : d'autres que moi ont, sans doute, tout comme votre serviteur, besoin d’une assistance en ligne, d’un guide et d’un urgentiste orthographique. Certes, le travail est colossal et il n’y a ni jour férié ni congé dans l’univers du net ; c’est une curieuse expérience que ces travaux forcés non rétribués dans un anonymat sidéral mais c'est une œuvre de salubrité publique pour permettre l'expression des handicapés de l'orthographe ! Constituez un groupuscule de l'ombre pour aider les malhabiles de mon espèce. Merci pour eux !

 

Correctivement mien.

 


 

À mes vigies sublimes.
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J
"Les prédécesseurs (ce mot n’ayant étrangement pas de féminin) de ma correctrice actuelle".<br /> prédécesseuse ou prédécesseresse ou prédécesseure et prédécessrice (Extrêmement rare). <br /> Vu le nombre de mots, le terme "étrangement" n'est pas approprié!
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C
Jean<br /> <br /> Ce sont des néologismes<br /> Je ne suis pas certain qu'ils soient actés<br /> <br /> Merci quand même