Ligericus sum, nil Ligeris a me alienum puto.
2 Mars 2016
De l'agriculture à la culture !
L'exemple vient d'en haut
Notre bon et inénarrable président a inauguré le salon de l'agriculture. Les poules, les cochons, les canards, les oies lui ont fait le meilleur accueil même si quelques vaches indélicates ont levé une queue désinvolte à son passage. Ce n'est pourtant qu'à la fin de la foire qu'on comptera les bouses et toutes ne seront pas attribuées à notre monarque.
Notre homme était dans ses petits souliers ; il n'a pas compris que pour tenir le cap avec la colère paysanne, il faut être mieux botté. Il n'était pas dans les papiers de la profession ; il y a comme une fracture entre le monde paysan et le pouvoir. Les éleveurs lui battent froid, les céréaliers ont envie de le moudre, les laitiers font la soupe à la grimace et l'opposition boit du petit-lait !
D'autres vont prendre le relais. Si les noms d'oiseaux ont fusé pour le locataire de l'Élysée, celui de Matignon a dû subir les même quolibets : il n'y a pas de raison. Celui qui sème le vent doit récolter la tempête, tout comme son camarade de fiasco. Puis ce sera au tour des prétendants de venir mesurer leur popularité parmi l'électorat qui fait les présidents.
Le vote des agriculteurs est flatteur : il permet de se prévaloir de racines authentiques, de valeurs issues de la France éternelle. Nous verrons ainsi qui a le vent en croupe, l'oreille d'âne ou bien le coup de pied asin. C'est le salon qui ouvrira la course des primaires ; normal, puisque c'est précisément le secteur de la filière agricole.
D'autres se contentent de faire banquette. Ils regardent de loin les agitations de l'heure, ils se frottent les mains, en attendant des jours meilleurs. Dans leur salon, trône désormais le téléviseur, cet objet incontournable des foyers qu'on ne pense même plus à éteindre quand un visiteur survient. C'est la loi du genre : il faut que le bon peuple soit collé à cette lucarne abrutissante.
C'est ainsi qu'ils peuvent admirer en direct les tracas de François le mal aimé, de Manuel le petit roquet, de Nathalie la prétendante ou bien les exploits de nos sportifs : les nouveaux dieux de l'Olympe. C'est ainsi qu'on fabrique des gens sans opinion, de futurs abstentionnistes ou pire encore, des inciviques notoires. C'est ainsi encore qu'ils vivent par procuration et ne se déplacent jamais quand un événement culturel est proposé près de chez eux.