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Chroniques au Val

Ligericus sum, nil Ligeris a me alienum puto.

Pavois et Patrie

Recueillement

Pavois et Patrie

 

Les symboles qu'on peut.

 

Notre Président, sans doute à cours d'idée, souhaite que les bons Français pavoisent leur fenêtre. Sans doute craint-il l'ennemi invisible et se dit-il , dans sa grande perspicacité qu'un pavois protège tout aussi sûrement qu'un bouclier antimissile face à une menace aussi sournoise. Nous sommes heureux de découvrir que l'expression de notre amour de la France peut se résumer à quelques malheureux bouts d'étoffe.

 

Je n'ai jamais aimé les drapeaux, d'aucune sorte : je rassure ceux qui vont évoquer ironiquement le rouge ou bien le noir. L'idée même de défiler derrière des couleurs brandies à bout de bras par un ancien combattant ou bien un athlète en pleine santé, m'a toujours semblé dérisoire. S'il ne tenait qu'à moi, le sport se passerait volontiers de ces marques stupides qui l'assimilent à la guerre, cette distraction si prisée par ceux qui n'en sont jamais victimes : politiciens véreux, marchands d'armes, philosophe en chemise blanche, admirable expert en géostratégie, généraux et croque-morts.

 

J'ai trop de respect pour la France pour la résumer à ces trois couleurs qu'agitent le plus souvent des hystériques sur les stades ou dans les meetings politiques. La France, on l'a dans le cœur, en particulier en connaissant son histoire, sa culture, en défendant chaque jour sa langue et son patrimoine, en aimant ses paysages, en la chérissant au travers de sa gastronomie et de ses habitants. Le symbole, pour nécessaire qu'il soit à ceux qui se trouvent en manque d'objets d'affiliation, est une portion si congrue de nos valeurs que je préfère m'en détourner.

 

En ces temps de pensée martiale, d'état d'urgence et de pensée unique, le crime est déjà considérable. Je vais y ajouter le blasphème suprême, le crime de lèse-majesté en avouant ma répugnance profonde à chanter la Marseillaise. Ne vous y trompez pas, chaque fois qu'elle retentit, mon éducation et l' amour que j'éprouve pour mon pays provoquent en moi une émotion, un frisson. Son rythme martial, sa portée historique ne sont pas de nature à me laisser indifférent.

 

Mais de grâce, épargnez-moi ces paroles haineuses, ces cris si violents que je ne comprends pas qu'on puisse encore parler de paix de fraternité après avoir hurlé ce chant. Combien de poètes ont revisité la chose, ont écrit des paroles superbes pour remplacer le sang impur qui me fait frémir ? Mais, l'humain est ainsi fait qu'il est incapable de vouloir s'élever. Les paroles belliqueuses sont restées et il faudrait montrer son attachement à la paix en beuglant de tels propos !

 

Non, vraiment ce sera sans moi. Je ne suis pas patriote ; ce mot est porteur de tant de carnages et de boucheries dans le passé, qu'il mériterait de passer au pilon. J'aime profondément mon pays sans pour autant tout mélanger et le prétendre « mère-patrie », un curieux mélange des deux genres, une faute étymologique qui m'a toujours paru ridicule.

 

J'aime mon pays sans pour autant vouloir qu'il écrase son voisin, qu'il anéantisse ses ennemis, qu'il surpasse tous les autres. J'aime mon pays sans penser qu'il est le meilleur au monde. J'aime mon pays en citoyen de l'humanité. Ni drapeau aux fenêtres ni hymne national dans ma bouche. Je ne suis pas un soldat mais un homme de paix qui ne reculera pas, s'il faut agir, pour défendre les siens et ses valeurs, au cas où tous les autres recours seraient épuisés.

 

Le devoir civique, monsieur le Président, c'est bien plus qu'un chiffon rouge (flanqué de deux autres couleurs) qu'on agite devant ceux qu'on veut effrayer. L'hommage aux morts, ne se fait pas en agitant des drapeaux. D'habitude, on les met en berne et on se tait. On se recueille et on commémore. Une bougie me semble bien plus respectueuse que cette étoffe qui flotte au vent de la colère et des calculs électoraux.

 

Certes, vous avez le mérite de proposer quelque chose, de demander aux Français de montrer leur attachement à leurs valeurs. Ils sont prêts à le faire, j'en suis certain mais ils aimeraient ne pas être pris pour des couillons par ceux qui ne cessent de les bafouer ainsi que les principes fondateurs de notre République. Il n'est plus temps de demander des démonstrations civiques. Il serait bien utile de passer enfin à cette République exemplaire que vous évoquiez un soir de campagne électorale, simplement pour abattre celui d'en face sans penser un seul mot de ce que vous disiez alors.

 

La République c'est bien autre chose que votre petit drapeau et votre petite chanson. Elle devrait s'exprimer chaque jour au travers de mille et une choses concrètes, d'un projet commun de société, d'un grand dessein et d'une ambition pour la France. La République passe d'abord par le respect d'une devise dont tous vos semblables ne font pas grand cas. La République, ce ne sont pas quelques symboles oiseux mais bien des actes et des résultats qui la font vivre loin des palais et des lambris, des privilèges et des passe-droits, des combines et des affaires. Ressaisissez-vous et agissez au lieu d'agiter épouvantails et colifichets.

 

Républicainement sien.

 

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K
Nabum,<br /> <br /> La Paix n'existe pas plus que le Dieu des Livres sacrés n'existe.<br /> Le seul déterminisme que j'accorde à ce mot est cette notion de «paix intérieure» dont accède une infimité de bien heureux, béats, calme harmonique, quiétude. Moi, il me manquera toujours la Foi je ne me situe pas parmi les croyants, tous pédants de convictions, de certitudes, tous va-en-guerre pour leurs idées, fanatisés par le Grand-tout, la prestigieuse Unité, la Chimère irrévocable. Ma part mystique, ma foi, je les garde bien à moi.<br /> Non, moi je préfère le verbe «constater» à celui de «croire». Parce que le constat induit l'analyse rationnelle alors que la croyance n'est le fruit que d'obssession déraisonnables.<br /> C'est grâce à l'analyse rationnelle que j'observe que l'homme est doué d'intelligence et que les croyances quelles qu'elles soient, politiques, religieuses ou philosophiques ont toujours amenées la guerre, ou du moins, des hommes plus intelligents que les autres s'en sont toujours servis pour asseoir leurs vices et leur domination sur ce Grand-tout. Le communisme est patent de contrariété.<br /> En ravanche, c'est l'expérience de l'horreur des guerres et l'analyse des causes, qui permirent des relations en « bonne intelligence» en Europe, durablement. On finit par admettre nos ressemblances perverses les uns les autres, alors nous nous fûmes promis: « la Paix, c'est le flouze, unissons-nous dans une illusion libertaire». Mais un groupe à une durée de vie limitée, et l'esprit de domination intrinsèque à la nature humaine, les réflexes identitaires dans une Europe qui n'eût de cesse pendant des millénaires de se construire par la guerre, la colonisation, l'esclavagisme, prirent le dessus :Angela règnent en divine impératrice le spectre français dans sa main gauche en bon Génie réalise amèrement ses souhaits (il aurait rêvé fugitivement du contraire), les Britanniques boudent.<br /> Tout ça pour vous dire que nous ne sommes pas des Saint-Nabum. Et la France en première ligne. Ce grand pays à l'hypocrite devise.<br /> Néanmoins nos ancêtres nous ont laissé cet héritage: Liberté, Égalité, Fraternité. Nos aïeux se sont battus pour que ses valeurs soient possibles pour nous, et chaque parole, chaque mot de ce chant doit nous rappeler que cette liberté s'est obtenue au prix de leur sang, de leur vie. N'ayons pas peur des mots: au prix de guerres civiles et mondiales.<br /> Vous ne croyez pas aux symboles: pourtant la France est un pays qui en regorge à commencer par sa capitale: Tour Eiffel ( qui à l'époque était un prodige architecturale), Arc de Triomphe, Invalides, Panthéon, Opéra, Notre Dame, l'Île de la Cité et sa Conciergerie, la ville de Paris, même si à ce jour a perdu de sa Superbe, c'est le symbole de l'Histoire de France. Au-delà même de notre Art de vivre, nos ennemis ont attaqué ce symbole.<br /> Le patrotisme n'est pas que guerre: c'est l'Art, la Culture, l'Histoire réuni sous l'étendard d'un drapeau, le patrotisme c'est aussi la passion de sa langue, une langue unique, la défense et la mise en place de valeurs par cette langue: que l'Ode soit martiale, critique, poétique, philosophique, la langue unique garantie l'esprit commun d'un peuple. J'irai même jusqu'à dire qu'elle construit la mentalité d'un peuple.
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C
kakashisensei<br /> <br /> Faut-il retenir nos divergences ou ce qui nous rapproche ?<br /> Pour l'idéaliste, ce sont les points d'accord qui sont les plus fort ; l'amour de ce pays, de sa culture et de notre langue.<br /> <br /> Laissons de côté les différence d'interprétation.<br /> <br /> Les monstres à nos portes n'en ont pas besoin