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Chroniques au Val

Ligericus sum, nil Ligeris a me alienum puto.

La rose a perdu ses épines.

De l'ovalité du cercle vicieux ...

La rose a perdu ses épines.

 

Les arrogants arrosés …

 

Le sport n'a de véritable raison d'être que par sa formidable capacité à réveiller les rivalités ancestrales, les combats de clochers et les discussions des habitués du café du commerce. La politique divise trop désormais : des failles se sont imposées qui rendent impossible tout débat serein. Seul le sport permet encore d'échauffer les esprits, quand on est tranquillement assis autour de quelques verres apéritifs.

 

Le Rugby, quoique bien plus confidentiel que son grand frère le football, autorise cette pratique parfaitement déloyale du dénigrement systématique du voisin d'outre-Manche. Nous sommes passés maîtres en la matière, capables de convoquer Jeanne d'Arc, Azincourt et Mers El-Kébir pour savonner la planche des hommes à la rose.

 

Il faut admettre que le passif est lourd, que les coups tordus, les arbitrages douteux, les décisions scandaleuses du bord ont permis dans le passé l'instauration d'une franche et complète détestation. Les stigmates de la guerre de cent ans doivent encore ressurgir dans les consciences hexagonales pour expliquer cette faculté de haine vis-à-vis de ceux qui nous ont sauvé la mise lors des deux dernières guerres mondiales.

 

Mais l'objectivité n'a certes pas sa place quand il s'agit de jeunes gens qui courent en culottes courtes, fussent-ils des gentlemen, contrairement aux pousse-citrouille. C'est dans ce contexte que l'élimination du quinze d'Angleterre de sa coupe du Monde de Rugby est, pour l'heure et pour les chauvins que nous sommes, l'événement le plus important depuis que l'homme a marché sur la Lune.

 

Bien sûr, cela n'aura qu'un temps, bien vite un autre événement prendra le dessus sur cette petite jubilation de mauvais aloi. En attendant, que c'est bon de jouir de la mise à mort de nos arrogants voisins ; la farce, pour une fois, tourne à leur déconfiture sans qu'il fût besoin aux jeunes coqs de réaliser un exploit qui eût été sans doute au-dessus de leurs forces.

 

L'Anglais mordant la pelouse : le spectacle est hilarant, il nous ravit à peu de frais et nous nous découvrons partager la même euphorie avec les Irlandais, Ecossais et Gallois. Comment voulez-vous construire l'Europe dans pareil état d'esprit ? Paraphrasant Nadine Morano, on peut dire sans risque de se tromper, que le Grand Charles avait raison, lui qui ne voulait pas les voir entrer dans la communauté européenne.

 

Je pourrais en rajouter sur le sujet. Il y a là une énigme qui mérite cependant qu'on s'attache sur cette capacité des gracieux sujets de Sa Majesté à fédérer toutes les inimitiés, à réconcilier contre eux tous leurs voisins, à fabriquer de l'hostilité. Mais gardons-nous de généraliser et pensons à en rabattre un peu : la compétition n'est pas achevée et rien ne garantit les quinze du coq d'une déculottée à venir qui fera se gausser les peuples que nous énervons par notre morgue et notre manière si exaspérante de vouloir faire la morale au monde entier.

 

Tout cela est parfaitement absurde, si désespérément distillateur de zizanie qu'il serait bon de cesser de jeter de l'huile sur le feu par ces petites guerres symboliques que sont les grandes compétitions sportives. Pourrions-nous nous passer des hymnes nationaux, des drapeaux et des loges présidentielles dans ces joutes dérisoires ? C'est par l'exacerbation de l'esprit nationaliste que nous créons les ferments de la discorde, de la haine et de la stupidité des foules.

 

Rien ne changera cependant, je ne me fais guère d'illusion. Je dois moi aussi battre ma coulpe, moi qui me suis réjoui de l'élimination de ces pauvres garçons qui ont dû vivre un cauchemar d'autant plus insupportable qu'il a été vu par des millions de spectateurs. Leur malheur doit être immense et il n'est pas besoin d'en rajouter par des considérations qui dépassent largement le cadre d'une compétition sportive.

 

Il est temps de se dire qu'il conviendrait de replacer le sport à sa place, de ne pas en faire la Une des journaux télévisés et écrits, de cesser d'instrumentaliser les agitations dérisoires de ces jeunes gens. Si le bon peuple a besoin des jeux et de quelques quignons de pain pour supporter une existence qui n'est pas toujours rose, laissons les malheureux Anglais tranquilles : ils n'ont pas besoin de nos vilaines moqueries pour s'ôter ces méchantes épines du pied.

 

Je retombe dans mes travers. Décidément il est bien difficile de se sortir du piège dans lequel nous sommes tombés depuis des années. Le baron de Coubertin a fait énormément de mal aux nations et aux peuples qui les composent avec sa curieuse idée de jeux olympiques modernes. Depuis, le sport est devenu une petite guerre ritualisée quand il se joue au niveau des nations. C'est parfaitement stupide !

 

Sportivement leur.

La rose a perdu ses épines.
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F
Le seul match que j'ai vu pour le moment de cette coupe du monde c'est celui entre l'Angleterre et l'Australie.<br /> Honnêtement il n'y avait pas photo. Les australiens sont bien plus joueurs. De belles combinaisons qui conduisent à de superbes essais. Les équipes d'Europe feraient bien de s'en inspirer plutôt que de jouer avec des déménageurs.<br /> Bonne soirée CNabum
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C
Fatizo<br /> <br /> Le Sud a une avance considérable<br /> La vieille Europe s'use à cette poursuite qu'elle ne parvient pas à combler<br /> <br /> La création, l'invention, le désir d'innover et non de copier avec un peu de retard ...<br /> Il y a l'état d'esprit à changer de ce côté ci de la planète<br /> <br /> merci de votre visite