Ligericus sum, nil Ligeris a me alienum puto.
14 Septembre 2015
Notre bon journal local se fend d'un numéro hors-série d'une qualité remarquable pour devancer et accompagner le Festival de Loire qui se déroulera du 23 au 27 septembre 2015. En 130 pages sur papier glacé, les journalistes ont fait le tour de la question avec un brio qui ne leur est pas habituel. Je ne peux qu'applaudir à la prouesse, d'autant que je trouve dans ces articles matière à compléter ma documentation personnelle.
Rien ne manque, ou presque, à cette somme ; achetez-la , commandez-la d'urgence, je ne saurais trop vous le recommander. Ainsi viendrez-vous à notre Festival, riches d'une culture ligérienne idoine, tout à fait propre à vous faire apprécier les spectacles, les bateaux et les expositions qui accompagneront le plus grand rassemblement européen de la marine fluviale.
Curieusement, cette belle revue débute par la résurgence de notre fleuve royal. C'est un petit défaut bien naturel que de commencer ce magnifique tour d'horizon par ce qui est propre à notre département et qui lui donne de surcroît son nom . Il ne faudra pas tenir grief de cette escapade en bord du Loiret, si ce n'est quelques omissions historiques. La rivière était l'enjeu de la charte d'installation de l'abbaye de Micy en 508 pour y installer ces moulins qui font son charme unique. Elle fut aussi propriété royale à partir de Louis VI… On ne peut pas tout savoir !
Colbert y est cité : ce grand façonneur de la Loire et de la marine en général, qu'elle fût de mer ou bien d'eau douce. Un de ses devanciers , mon cher Maximilien, duc de Sully, semble avoir été oublié injustement. Il est vrai qu'il n'a pas laissé sa trace en Orléans : faute grave, impardonnable même aux yeux de nos chers rédacteurs.
Car, c'est bien là le grief majeur que l'on puisse émettre à l'encontre de ce remarquable travail : Orléans n'est pas le centre du monde ligérien. Ce fut la tentation permanente de cette ville de s'attribuer cette position dominante ; la confrérie des Marchands a historiquement marqué cette volonté hégémonique. Ce numéro hors-série succombe avec volupté à ce travers-je le souligne, bien pardonnable-. Le Festival, lui aussi, y contribue et je me prend à rêver-mais ce n'est qu'un vœu pieux- qu'il ait lieu, une fois l'an, une année sur deux, à Orléans et l'autre année, dans un autre grande ville de Loire.
La partie historique glorifie les vedettes incontestables. Légende dorée, hagiographie, chères à un métier qui fait la part belle aux puissants et oublie bien souvent d'évoquer les anonymes,les gueux , les manants, les petites gens que la Grande Histoire ignore superbement, les indispensables figurants qui ont pourtant participé à la gloire de Jules César, Attila, Jeanne d'Arc, Louis XI. Seuls, ceux qui ont capté la lumière trouvent place dans cette évocation historique qui évince presque, il faut quand même le souligner, l'un des personnages les plus emblématiques et les plus importants de l'histoire de notre Val de Loire : ce bon Théodulphe qui a sans doute eu le tort, aux yeux de la rédaction, de mourir dans les geôles d'Angers.
Faute bien vénielle, il faut le reconnaître. Le bon peuple des lecteurs n'aime pas se creuser la tête. Alors quand il s'agit d'évoquer les légendes qui ont construit notre culture et notre imaginaire, des esprits malveillants-ce que je me garderais d'être, bien entendu - prétendent que le survol est rapide, incomplet, bâclé. Il ne faut pas empiéter sur le domaine d'un Bonimenteur que jamais-à juste raison-ne cite une seule fois ce document qui se veut être une somme reconnue quant aux acteurs du renouveau de la Loire.
Il est bien naturel de ne pouvoir évoquer nommément ces milliers de passionnés qui n'ont de cesse d'aimer la Loire et de la mettre à l'honneur dans tous les domaines possibles : historiens, artistes, mariniers, acteurs économiques, pêcheurs, archéologues, ethnologues, ornithologues, botanistes, écrivains (j'en oublie sans doute). L'essentiel est de ne pas passer à côté des incontournables : ce numéro s'y emploie avec ferveur et avec même-aurais-je l'audace de l'exprimer ?-un peu (si peu) d'excès.
Et, je garde le meilleur pour la fin : un personnage, grand s'il en fut, extrêmement sympathique au demeurant et, sans conteste, passionné de Loire, figure en de nombreux clichés sur cette somme ; ne frôlerions-pas le culte de la personnalité ? Non, non : c'est évidemment la régie publicitaire du journal qui a choisi les illustrations en toute indépendance. N'ayons donc aucune crainte : en quoi cette personnalisation jugée excessive par des jaloux, pourrait-elle nuire à la communication de ce festival ? Bien sûr , objectera-t-on, cet événement doit être celui de tous les Ligériens et non pas le fait d'un seul, fût-il- il faut lui reconnaître cet immense mérite- chaque jour de l'année, ou presque, sur la rivière.
À ce détail près,-mais si négligeable, ma foi- je ne saurais trop vous recommander, une fois encore, de vous procurer ce document incontournable et tout à fait exhaustif, tout en vous suggérant de cesser désormais de me lire puisque, manifestement, je n'appartiens en aucune façon à la confrérie de ces personnages qui font vivre ce qu'ils appellent « le Fleuve Royal » et que je m'évertue à nommer « Rivière ». Le constat m'est douloureux, mais nos doctes journalistes ne peuvent se tromper ; ils m'ont ouvert les yeux sur la totale vacuité de mes vaines agitations ligériennes.
Hagiographiquement leur.