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Chroniques au Val

Ligericus sum, nil Ligeris a me alienum puto.

Un monde enchanté

Trouver sa voie …

Nous retrouvons notre Petit Prince. Durant quatre séances, nous avons planché sur une idée de conte. Le garçon avait proposé une situation initiale, un canevas sur lequel nous devions travailler, chacun de notre côté, ce que nous fîmes lors de la première séance. Je lui lisais ma production en fin de séance et je lui promettais de travailler la sienne lors des rencontres suivantes.

Nous avons repris son texte, changeant la place des mots, modifiant les intentions et les phrases pour rentrer dans le climat qu'il voulait rendre. Le Petit Prince acceptait mes remarques mais restait ferme sur le choix des mots. Ce fut un beau travail d'expression écrite qui passait nécessairement par une phase orale, lui qui est si en difficulté de ce côté-là. Je vous rappelle qu'il est bègue.

Le récit porte évidemment ce souci, c'est aussi une manière d'exorciser les peurs et les angoisses. Je ne sais si c'est ainsi qu'il faut s'y prendre mais c'est ma manière d'avancer avec lui et avec d'autres. Je vous propose le texte de ce garçon, fâché avec l'expression orale mais diablement précis sur l'écrit, ferme sur les expressions, sensible à la forme qu'il acceptait de modifier en suivant mes conseils. Je vous laisse avec le Petit Prince ...

Un monde enchanté
Un monde enchanté

 

Il était une fois un petit garçon qui n’arrivait pas à s’exprimer. Les mots se bousculaient tellement dans sa tête qu’il lui était impossible de les mettre en bouche. La vie était pour lui une souffrance, confronté qu’il était, à ce blocage terrible qui le privait du commerce des humains, ses semblables.

 

Chaque jour il se morfondait, toujours seul dans son coin, muré dans un terrible silence ! Il se disait sans cesse qu’un beau jour pourtant il se ferait entendre par le monde entier …

 

Le garçon se mit alors à composer les airs qui vagabondaient dans sa tête. Beaucoup d'humains adorèrent peu à peu les musiques de ce petit enfant virtuose.

 

Encouragé par son succès naissant, il mit des paroles sur ses musiques, écrivant ainsi des chansons qui étaient de plus en plus souvent reprises par tous les autres.

 

Un jour, une de ses chansons devint l'hymne de la paix. Le petit garçon avait été horrifié par des images de guerre venant de tant de nations dans la douleur. Il voulut que cela s'arrête et sa chanson dénonçait les conflits, le massacre des innocents, la violence barbare des gens pris dans la tourmente, la guerre.

 

Elle parlait surtout de la paix, de la liberté, de l'amitié entre tous les peuples. Elle évoquait encore la beauté d'un lever de soleil, la tendresse d'un enfant qui vient de naître et la fraternité entre tous les humains.

 

Tous ceux qui la chantaient étaient si émus qu'ils avaient la gorge serrée, la chair de poule et des larmes dans les yeux. Leur chant était si beau que, de proche en proche, chacun reprenait ce chant magnifique afin que cessent enfin tous les conflits.

 

Emporté par ce mouvement planétaire, le petit garçon découvrit que, lui aussi, était capable de chanter. Si les mots se dérobaient à lui quand il parlait, ils devenaient ses amis quand il les reprenait en musique.

 

Il prit l'habitude de s'exprimer en chantant. Le peuple tout entier, pour le remercier, se mit à l'imiter. Plus personne ne parlait, le Monde chantait et la musique balaya les guerres et les querelles, les conflits et les agressions ...

 

Pour le remercier de ce prodige, les peuples du monde entier le choisirent pour maître des chœurs universels. Il n'y avait plus de gouvernements, plus d'armées, plus de violence mais simplement une immense chorale à travers toute la planète.

 

C'est le petit garçon qui dirigeait cet orchestre magnifique. Refusant la violence, le petit chef d'orchestre avait laissé la redoutable baguette pour donner le tempo avec ses mains nues.

 

Les années passèrent, le petit garçon grandit dans un monde merveilleux. Il devint un homme respecté et adulé, jusqu'au jour où il disparut, en laissant derrière lui ses musiques et ses belles chansons.

Depuis ce jour, le monde est muet mais pas silencieux. Plus un mot méchant, cruel ou agressif ne sort des bouches. Les humains s'expriment en fredonnant des chansons de paix et d'amour.

 

Le petit garçon d'alors était devenu le président de la paix. Vieil homme, il a fini par rejoindre les anges. Ce sont eux qui accompagnent les chants des humains en jouant, sous sa direction, de la musique avec des instruments célestes.

 

Grâce à lui, la planète n'avait plus besoin de commandant, de dirigeant ou bien de président. La Terre était devenue un monde enchanté qui vivait dans l'harmonie, Depuis ce jour il n'y eut plus jamais de mots exprimant l'autorité et la violence, la souffrance et la cruauté, la peur et l'angoisse. Ceux-là avaient disparu du lexique de l'humanité. Il fallut même inventer d'autres mots pour l'amour, le bonheur, la joie et la concorde.

 

Enchantement sien.

Un monde enchanté
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K
De candides étoiles filantes illuminent les vicissitudes de la nuit. L'abîme céleste nous semble douce et les enfants s'endorment aux prises des bobards de Morphée. Puis, les merveilles nocturnes s'écoulent, et au petit jour, les astres s'éteignent et les ténèbres se lèvent. De notre maison chauffée, nous sortons affronter ce vent glacial et désagréable. Ce vent, ce sont les bourrasques humaines. <br /> <br /> Néanmoins fort beau texte de votre élève. Me croirez-vous, si je vous révélais qu'autrefois, par une nuit semblable, j'eus nourri les mêmes chimères si ma vie fut différente ?
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C
Kakashi<br /> <br /> Je devine qu’il y a une métamorphose de mon ami Kakashi. Je le trouve désormais grave et poétique, curieux mélange qui s’exprime ici entre jour et nuit, rêve et réalité.<br /> <br /> Au pays des merveilles, il ne faut guère ce préoccuper du quotidien sordide, sinon les lapins cessent de nous parler au creux de l’oreille.