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Chroniques au Val

Ligericus sum, nil Ligeris a me alienum puto.

Un fil à la patte.

Élevage infantilisant.

Ah, quel bonheur d'être des parents modernes, câblés, branchés sur toutes les procédures possibles et les innovations numériques pour élever convenablement un enfant ! Rien désormais ne peut échapper au contrôle parental, à la sagacité bienveillante de parents inquisiteurs. Leur progéniture va vivre sous le regard permanent de dispositifs multiples et sophistiqués pour faire de leur existence un long fleuve tranquille, sans saveur, sans risque ni surprise.

Élever un enfant ce sera désormais une forme de dressage absolu, sous vidéo-audio- téléphono-surveillance. Rien ne sera épargné au pauvre gamin pour connaître, à chaque instant, ses faits et gestes, ses pensées et ses envies. Savoir et devancer, contrôler et anticiper ; c'est de l'élevage intensif pour enfants en batterie.

Tout a commencé bien avant sa conception. Monsieur a examiné la densité de ses spermatozoïdes tandis que Madame mesurait précisément l'heure de son ovulation. Des sondes multiples, reliées à un tableau de bord conjugal, leur permirent de copuler à coup sûr sous l'objectif d'une caméra vidéo. Toutes les étapes de la vie de leur futur enfant seraient ainsi gravées sur le support numérique …

La grossesse de Madame fut alors une complexe opération de surveillance. Un abonnement à la société : « Enfantez sans risque » lui permit d'être reliée 24 heures sur 24 à un organisme de contrôle à distance mesurant tout ce qui peut permettre une gestation tranquille. Bien évidement, les premiers tests initiaux avaient écarté tout risque de malfaçon.

Madame put ainsi accoucher en connaissant exactement le profil de l'enfant à naître. Tout, de sa personnalité à son physique, avait été prévu par des calculateurs surpuissants. Un contrat de confiance avait été signé entre l'organisme de suivi et les futurs parents pour écarter tout risque de procédure ultérieure. Il faut dire que la vie d'un enfant est devenue une source non négligeable de profits pour les avocats et les notaires …

Bébé va sortir de son laboratoire de gestation sous l'œilleton de la vidéo. L'accouchement sera transmis en direct à toutes les personnes, proches et amis, qui se sont abonnées à cet événement magnifique. Un technicien sélectionnera les plus belles images pour préparer, au plus vite, un album photographique qui sera livré en prime à toutes les personnes concernées.

Bienvenue dans ce merveilleux monde numérique, cher enfant ! Désormais, vous n'allez plus échapper à la terrible délation numérique. Votre berceau, votre chambre, votre poussette seront équipés de capteurs multiples. Plus une larme sans déclencher le plan ORSEC. Plus une goutte d'urine sans allumer un voyant sur les portables de vos parents. Plus une douleur sans en avertir une équipe médicale, vouée entièrement à votre bien-être.

« Grandir sans risque ». Le beau slogan que voilà qui a séduit vos parents. Ils ont souscrit tant et tant de contrats de vigilance parentale que vous êtes devenu une véritable vedette vers laquelle des projecteurs, des caméras et des micros ne cessent d'être braqués. Quel bonheur pour vos parents qui ont délégué bon nombre de leurs responsabilités à des professionnels reconnus et compétents !

Nous sommes si loin de ce pauvre émetteur qui amplifiait les pleurs de vos géniteurs quand ils étaient enfants. Vous grandissez sous la surveillance d'un nombre incroyable d'écrans de contrôle, répartis un peu partout dans des sociétés de sécurité infantile. C'est un bon début pour accepter le monde numérique qui se présente à vous.

Vos premiers pas, naturellement filmés, vont contraindre la technologie à s'adapter. Vous voilà mobile et équipé de balises pour signaler, à chaque instant, votre position à vos chers parents par un système relié à une flotte de satellites. Vous ne pouvez échapper un seul instant à cette odieuse surveillance. Adieu les jeux secrets, les fugues forestières, les cachettes merveilleuses. Vous êtes localisé et le serez ainsi toute votre existence.

L'école, à ce titre, va devenir le plus épouvantable des calvaires. Une caméra diffusera en continu toutes vos activités ; vos parents recevront par SMS vos notes, vos réprimandes, vos conversations. Durant la récréation, votre dépense énergétique sera mesurée avec une extrême précision et un tableau détaillé de vos besoins alimentaires sera adressé à l'organisme de restauration.

Tout va bien, mon cher petit : vous pouvez dormir tranquille d'autant mieux, d'ailleurs, que vos parents, toujours soucieux du meilleur pour vous, sont abonnés à l'option « Sigmund »! Des capteurs cérébraux analysent vos rêves et établissent un rapport quotidien sur l'état de votre inconscient. Si tout cela vous a amusé au départ, votre adolescence est devenue un chemin de croix. Le premier flirt a été, à ce titre, significatif. Avant d'échanger votre premier baiser avec celle ou celui qui avait déclenché quelques émois, des analyses de sang, de salive et de personnalité ont été imposées par vos laboratoires respectifs.

Naturellement, votre amoureux(euse) avait été validé(e) par vos parents et vous aviez été accepté(e) par les siens. Vous étiez du même groupe social, de la même ethnie, de la même confession. Vous n'aviez aucune incompatibilité génétique. Le bonheur vous était accordé.

La suite, je n'ose vous la décrire. Jusqu'à la mort, ce système fonctionne. Il suffit d'y mettre le prix. Naturellement l'état assure un contrôle gratuit pour ce qui concerne vos déplacements et vos comportement sociaux. Ce monde sous contrôle est d'une totale sécurité. Il se peut que des individus isolés et mal attentionnés déplorent ce fonctionnement. Mais de ceux-là, il n'y a jamais rien à espérer. La majorité des moutons bêlants est si heureuse de cette vie sans surprise !

Milleneufcentquatrevingtquatrement vôtre.

Un fil à la patte.

Message de Jean-François Chalot

GdB m’a permis de reproduire son dessin sur notre blog

J’aurais voulu écrire un texte d’accompagnement comme celui-ci (un peu trop court)

Mais si vous avez envie d’en faire un (sur cette orientation ou une autre, l’important c’est le débat) , je vous donne la priorité

Amicalement

JF Chalot

Un fil à la patte.

LA GEOLOCALISATION : UN PROGRES ?

: À VOIR

Les appareils et gadgets de géolocalisation : un passe partout pour les enfants en bas âge

et    un « cadre contraignant » pour les ados : adieu la prise de responsabilité !

« Depuis quelques mois, de petites nouveautés ont fait leur apparition. Pas plus gros qu’un téléphone et permettant aux parents d’accéder en permanence à la position de leurs enfants ou à augmenter la surveillance de ceux-ci, ces appareils peu repérables, sont entrés sur le marché. Allant de la montre ou de l’accessoire décoratif de chaussures ou de ceintures, ces gadgets connaissent un large succès et sont destinés à la géolocalisation des enfants en bas âge. »

C’est une innovation intéressante diront certains….

C’est une sécurisation ! Peut- être mais aussi un contrôle renforcé

La géolocalisation constitue la meilleure et la pire des choses…. Des parents peuvent du jour au lendemain devenir les « big brothers » de leurs enfants : avec les avantages et les inconvénients :

Bonjour l’autonomie des adolescents !

Un fil à la patte.
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K
Je suis fou Nabum, je vous l'accorde ...<br /> Pourvu qu'ils ne soient pas Strauss-Kahnien alors ! ;)<br /> Allez je file accomplir mon devoir alimentaire ... Belle soirée à vous.
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C
Kakashi<br /> <br /> À nous deux, nous faisons une paire de fous
I
Soyons positifs ! au moins avec tous ces trucs qui nous fliquent quand on bouge , on n'aura pas à redouter d'être enterré vivant, ce qui arrive encore . Je pense à cette coutume d'être enterré avec une clochette pour pouvoir éventuellement l'activer en se réveillant dans le trou . Problème résolu : plus besoin de grelots dans&quot; le meilleur des mondes &quot;.
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C
Inocybe de patouillard<br /> <br /> Le grelot sera remplacé par le glas de nos libertés
K
A ce monde léché, sans saveurs ni ronces, j'imagine plutôt une société fanatiquement acculturée, déraisonnablement matérialiste, sentimentalement métissée.
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C
Kakashi<br /> <br /> Chacun ses phantasmes<br /> <br /> Je crains que le monde décrit ici ne soit déja en place !