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Chroniques au Val

Ligericus sum, nil Ligeris a me alienum puto.

Miracle à l’ombre d’une centrale.

Tant que le noyau dure ...

Radiations positives à contre-courant !

Décidément, le monde du spectacle est aussi étrange qu'imprévisible. À chaque public, une nouvelle aventure, une rencontre dont rien, jamais, ne peut laisser supposer la teneur. Cela relève de l'alchimie ou bien de la cuisine. On peut préparer tous les ingrédients, avoir pensé à tout avec sérieux et application, le résultat demeure aléatoire, surprenant et toujours étonnant. C'est sans doute ce qui fait le charme de cette aventure que je vous invite tous à tenter un jour.

Se mettre en danger sur scène est une étrange folie, une impudeur sidérante. Vous vous mettez à nu ; vous déballez ainsi devant des inconnus, votre univers personnel, votre imaginaire, vos phantasmes et vos folies. Il se peut que ce ne soit pas ainsi pour tous les artistes et que certains ne fassent appel qu'à la seule technique ou mieux encore, se dissimulent derrière la virtuosité ou le talent pour se protéger et ne pas se mettre en danger.

Mais pour tous les autres, je commence à comprendre ce mystère de la rencontre du public. Si pour beaucoup, le spectacle proposé est souvent le même, il ne donne jamais les mêmes réponses, ne se déroule pas suivant un immuable plan préétabli. Chaque réplique, chaque chanson, chaque histoire, donne lieu à une infinité de réactions, d'émotions et de partages. Rien n'est prévisible et c'est ce qui fait sans doute, le charme de ce numéro d'équilibriste.

La veille, nous avions tenu quatre heures durant la scène. Une pure folie qui n'était nullement prévue ! Nous nous étions laissé porter par un public acquis en partie à notre cause, qui nous connaissait déjà et était venu pour nous retrouver. Nous étions en territoire presque conquis ; ce qui n'empêcha nullement un petit noyau bruyant et inattentif: c'est le lot des spectacles lors d'un repas. Nous n'y pouvons rien.

Nos amis avaient marché, avaient suivi nos nouvelles productions avec cette connivence qui s'installe et facilite la découverte. Nous bénéficiions avec eux d'un contexte favorable qui laissait peu de place à l'échec. C'était facile ; ce qui ne diminuait nullement le plaisir du partage. Par contre, le lendemain, il en était tout autrement ….

Nous arrivions devant un public qui ignorait tout des olibrius qui allaient agrémenter leur galette des rois annuelle : une belle occasion de se retrouver et de discuter entre amis. Les artistes n'étant alors qu'une partie du décor, une proposition qu'il n'est pas nécessaire de suivre. C'était à nous de gagner leur écoute, de les prendre par le cœur pour les conduire, alors qu'ils n'étaient pas venus pour ça, dans notre monde éphémère.

Le responsable nous avait mis en condition : « Vous allez avoir du mal à les faire taire. L'an passé, votre pauvre collègue ne fut pas écouté du tout ! ». Il n'est pas mise en condition plus agréable : « Dans quelle galère avions- nous mis les pieds, qu'ils soient nus ou non ? ». Le défi était de taille : nul marinier dans l'assistance, des gens différents qui n'ont pas nécessairement un lien affectif avec la Loire. Cette fois, il fallait mouiller la chemise !

Que se passa-t-il ? Je n'en sais rien et je me fiche de comprendre ce miracle. Ce qui compte, ce fut ce moment incroyable de communion. Un silence attentif, des applaudissements sincères qui n'étaient pas de pure forme ni de simple courtoisie. Nous nous étions trouvés et c'est bien là la seule certitude dans cette après-midi. Les regards, les sourires, les échanges qui suivirent ce concert resteront longtemps comme une caresse de tendresse.

La suite ne fut que la banale concrétisation d'un choc imprévu. Des disques et des livres vendus, des échanges d'adresses, des promesses de lendemains, des suggestions pour d'autres animations. Nous avions touché une corde sensible : la Loire avait fait écho chez ces gens qui se trouvaient là, simplement pour se retrouver.

Suis-je encore trop naïf pour m'enthousiasmer ainsi devant quelque chose, somme toute, de très banal ? Je m'en moque à vrai dire. Ce qui s'est passé ici me conforte dans cette volonté vitale de continuer ainsi le plus longtemps possible à aller vers les autres avec mon air bête, mes histoires et ces chansons que mes amis défendent avec tant de détermination. Qu'il y ait ce frisson commun me pousse à recommencer au plus vite, à prendre une fois encore le risque d'aller vers des inconnus, de leur tendre la main pour qu'ils prennent la peine de m'écouter. C'est sans doute une immense prétention ; je vous laisse en penser ce que bon vous semble.

L'essentiel est cette joie qui irradie, qui me pousse à vouloir vous narrer ce moment que vous n'avez pas connu et qui doit vous sembler si lointain. À quoi peut bien servir ce pauvre billet ? À flatter ceux qui étaient dans la salle ce dimanche ? Certainement pas : il est certain qu'aucun d'eux ne lira ce texte dérisoire. À leur exprimer ma reconnaissance ? Je crois qu'ils ont compris, sans avoir besoin de ce petit récit, à quel point ils m'avaient rendu au centuple ce que je leur avais donné.

J'aimerais qu' à votre tour, vous franchissiez ce pas qui vous conduirait vers le spectacle vivant. Faites l'effort de délaisser ces maudites télévisions pour la scène, la musique, le théâtre, la chanson, le rire ou la poésie … Osez la découverte, refusez cette désolante habitude de n'aller que vers le connu, le reconnu, la vedette célèbre. Le spectacle vivant c'est une aventure qui implique autant celui qui fait l'artiste que celles et ceux qui sont son public. Ne passez pas à-côté !

Enthousiasmement leur.

Canton Infos

journal d’informations locales économiques et citoyennes, a le plaisir de vous inviter

à la soirée de prestige qui se tiendra le vendredi 23 janvier, à partir de 18 heures, au Musée de la Marine de Loire, Écuries du Château, 1 place Aristide Briand, 45110 Châteauneuf sur Loire.

Miracle à l’ombre d’une centrale.
Miracle à l’ombre d’une centrale.
Miracle à l’ombre d’une centrale.
Miracle à l’ombre d’une centrale.
Miracle à l’ombre d’une centrale.
Miracle à l’ombre d’une centrale.
Miracle à l’ombre d’une centrale.
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K
Les photos de votre comparse à l'accordéon sont rigolotes. Sur la première, on dirait qu'il câline l'instrument. Sur la seconde, on sent une sorte de transe se dégager. En tout cas, de tous les arts, la musique est sans doute celui qui se met en place dans notre tête, le plus sournoisement. <br /> Belle continuation à votre collectif. Je retourne quant à moi sur mes cours de philosophies. Ils parlent de la vie affective, avec cette question &quot; Quelle place joue l'amitié dans notre vie affective ?&quot;. A rendre pour début mars. Je m'amuse ;)
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C
Kakashi<br /> <br /> Il est vrai que notre accordéoniste et également saxophoniste a une allure qui se remarque C’est là sa marque de fabrique et je peux vous assurer qu’il ne passe pas inaperçu. Quant à venir avec vous à un cours de philosophie avec sa boîte à épingles, j’ai comme un doute !