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Chroniques au Val

Ligericus sum, nil Ligeris a me alienum puto.

Une fête pas comme les autres.

La Binette pour toujours …

Il est des lieux qui échappent au temps et à la vie trépidante de notre société. Des espaces préservés dont nul signe de l'agitation humaine ne vient perturber la quiétude . La Binette est de ceux-là et pourtant, ce magnifique méandre de la Loire n'est qu'à quelques kilomètres de la grande agglomération orléanaise.

Cet endroit porte le nom d'une fermette qui en fut longtemps le symbole. Pour la plus grande tristesse des amoureux du coin et des habitants de Bou, la vieille bâtisse fut rasée, il y a peu, sous un prétexte que d'aucuns pensent fallacieux. Il fallait, affirment les autorités coupables de ce forfait, renforcer précisément en cet endroit, la levée pour se prémunir d'une grande crue toujours redoutée.

Malgré cette douloureuse amputation, la Binette a conservé son charme et sa magie. La fête qui s'y tint, ce dernier weekend, n'a pas échappé à la règle qui veut, qu'à chaque fois, les visiteurs en repartent heureux et tranquilles, souriants et détendus. D'où vient cet attrait fascinant, ce pouvoir bénéfique ? Il m'incombe la lourde responsabilité d'en chercher quelques explications …

Il y a d'abord la Loire qui, ici, s'offre une longue boucle, un méandre qui contourne le village de Bou, l'entourant ainsi de son influence magique. La dame est belle en cet endroit. Pas de ligne à haute tension ni d'immeubles hautains pour détruire l'harmonie entre la rivière et ses berges. C'est un écrin de verdure le long du chemin des Azins, un bonheur de calme et de beauté.

Il y a aussi ce village d'irréductibles Boumiens. Est-ce parce qu'ils sont presque des îliens, à l'écart des grandes voies de communication, qu'ils échappent aux tumultes de la circulation, que ces gens vivent encore dans une véritable communauté villageoise comme autrefois ? Ici, la vie associative est forte, fédératrice, appropriée par tous. Chacun est acteur et défenseur de la vie locale. Une exception dans cette civilisation de l'individu consommateur.

Il y a son histoire, ce passé de cité rebelle, de petit village aux fortes personnalités, aux familles implantées depuis si longtemps, qu'elles portent, à elles seules, une tradition indestructible. Bou a résisté à l'industrialisation, Bou est resté longtemps un village vigneron avant que de se tourner vers l'agriculture. Bou est notre exception culturelle avec sa « Fraternelle », si bien nommée.

Il y a surtout ses habitants. Oh, n'allez pas imaginer qu'ils sont des êtres exceptionnels, à l'abri des querelles ou des fâcheries, des petites jalousies et des grandes indifférences. Mais dès qu'il s'agit d'organiser la fête de la Binette ou une autre manifestation dont ils ont le secret, les Boumiens oublient leurs différends pour ne faire plus qu'un.

Il faut voir alors cette armée de bénévoles œuvrant pour le succès de l’événement. Sans mesurer leurs efforts, sans rechigner ni chercher à tirer la couverture à soi, ils sont d'une incroyable efficacité et d'une rare gentillesse. Ils s'affairent, ils s'activent, ils sont présents et au service d'une seule et même idée : accueillir les visiteurs pour une fête simple et authentique, sans ostentation ni dimension spectaculaire.

C'est ainsi que le feu d'artifice du samedi soir n'est pas une grande pétarade qui ruine les caisses de la municipalité et assourdit le spectateur éberlué. Tout est en nuances, en petits feux de bengale, en animations lumineuses sur l'eau. C'est un délice de lumière à la taille du décor. La simplicité est de mise et il en est ainsi pour toutes les animations qui doivent rester dans le cadre.

Les spectateurs le savent bien, eux qui sont fidèles, d'année en année, aux rendez-vous de la Binette. Qui est venu une fois ici, prend le soin de cocher la date longtemps à l'avance sur son agenda, pour ne pas manquer la nouvelle édition. C'est le cas de mes amis mariniers, qui aiment ce bassin si agréable et propice, en toute occasion, à la navigation.

Ce fut avec un bonheur rare qu'avec mes amis de LaBouSol nous offrîmes gracieusement un concert qui n'en finit pas. Le beau temps était de la partie, les gens, heureux de profiter enfin d'un soleil qui les avait boudés tout l'été. Ce fut un moment rare de communion et de partage. Les artistes du groupe « Entre Chien et Loup » vinrent se mêler à nous, les chanteurs des « Copains de Sabord » également. Personne ne voulait que la fête se termine en ce beau dimanche soir.

Hélas, il fallut se résoudre à se dire au revoir. Les derniers applaudissements résonnaient encore que déjà la troupe des bénévoles se mettait en branle pour tout ranger. Buvette et chapiteaux, estrades et podium, expositions et animations allaient, en l'espace de bien peu de temps, être démontés et rangés pour une prochaine édition.

Madame le Maire de la commune regardait, émerveillée, ses concitoyens. Elle se disait alors qu'elle avait bien de la chance de profiter de cet incroyable disponibilité. Un bien précieux et l'expression même de la qualité de vie dans ce petit village ! Ailleurs à l'entour, dans nos grandes villes, d'autres associations participaient à la Rentrée en fête ou à une foire quelconque pour tenter de recruter de nouveaux adhérents, convaincre de nouveaux bénévoles. Ici, point n'est besoin de cette démarche, l'esprit associatif semble être atavique.

Pour ne pas les faire rougir, j'omettrai le rôle essentiels des deux présidentes qui furent les chevilles ouvrières de la fête. Elles n'avaient pas le temps de se poser, toujours en action quand je bayais aux corneilles pour écrire ce billet. Merci à tous et à la prochaine fête !

Admirativement vôtre.

Photographies d’un boumien : Christian Chesneau

Merci à lui

Une fête pas comme les autres.
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