Ligericus sum, nil Ligeris a me alienum puto.
18 Août 2014
L'horreur n'a pas de religion.
Il y a peu encore, nos rues bruissaient de la colère scandalisée des défenseurs de la veuve et de l'orphelin, des opprimés et des victimes innocentes. Ce qui se passait alors dépassait l'entendement et relevait, à n'en point douter, du crime contre l'humanité. Des enfants martyrs, des écoles prises pour cible ; le combat de David contre Goliath se rejouait à domicile.
Puis, les drapeaux se sont rangés, les haut-parleurs se sont tus. La haine était peut-être le moteur d'une répulsion pourtant légitime, ô combien ! Depuis, le silence s'est fait dans nos rues alors qu'ailleurs, d'autres victimes, tout aussi innocentes et impuissantes, meurent sous le joug d'autres bourreaux qui n'ont rien à envier aux précédents.
Mais cette fois, le diable a changé de camp et les indignés d'hier ne peuvent s'appliquer à eux-mêmes ce qu'ils exigent d'autrui. Ce doit être la seule leçon à tirer de ce silence aussi assourdissant que furent les vociférations et les appels aux meurtres de la veille. Une fois de plus, la cohérence se moque des indignations, seules les arrière-pensées politiques ou religieuses viennent alimenter le moulin à colère.
Quel est ce monde qui se lève pour les uns et ferme les yeux pour les autres ? Il y aurait les victimes justes et les assassinés honteux ! Il y aurait des bourreaux monstrueux et d'autres agissant au nom d'une cause que l'on ne pourrait condamner ! Il y aurait les combats glorieux et les massacres à taire ! Voilà qu'il est nécessaire, désormais, de consulter une grille de lecture préalable pour avoir du cœur.
C'est une nouvelle fois l'idée de Dieu qui vient dresser une barrière entre les morts impuissants. Les uns seraient de la bonne foi quand ceux qu'il faut passer sous silence, se tromperaient lourdement de croyance. À moins que ce ne soit la foi du criminel qui fasse de lui un salaud absolu ou un combattant glorieux.
Le sang versé n'a reçu aucun baptême, ne prie aucun Dieu. Il n'y a aucune distinction entre les corps frappés, bombardés, égorgés, fusillés, écrasés. Il n'y a que désolation et silence, abjection et larmes pour les survivants. Dieu n'a rien à voir dans la douleur des humains qui, sur place, tombent sous les coups des monstres et des soldats, des fous et des illuminés, des avions et des machettes.
Mais rien n'y fait et les rues se taisent aujourd'hui quand, hier, elles s'embrasaient pour une autre cohorte de victimes. Il n'y a aucune raison de choisir ses morts, pas plus qu'il n'y a d'excuses pour donner raison à des bourreaux. Ceux qui se taisent aujourd'hui seront sans doute les assassins de demain. Ils montrent clairement qu'ils mènent une guerre religieuse et que leur conception des droits de l'humain se limite rigoureusement à une confession quelconque.
Je m'indigne tout autant, aujourd'hui, du sort des chrétiens d'Orient que j'ai pu le faire, hier, des effrois par lesquels sont passés les Palestiniens. Il y a encore, ailleurs, des situations tout autant monstrueuses et scandaleuses. L'émotion, l'indignation, la compassion et l'empathie n'ont ni foi ni croyance. Il n'y a qu'une seule humanité qui souffre !
J'invite les défenseurs de la cause palestinienne à ne plus fermer les yeux sur les drames qui se nouent ailleurs. En agissant ainsi, ils ont l'air de nous signifier que leur révolte n'est que combat idéologique et que nulle compassion ne peut exister à leurs yeux en dehors de celle éprouvée à l'égard de leurs seuls coreligionnaires. Si tel est le cas, je crains qu'ils ne deviennent rapidement des dangers potentiels pour la paix dans notre pays.
Je n'ose croire qu'ils se considèrent comme les bras armés d'une religion de combat et j'espère de tout cœur que, pour eux aussi, le sort des humains est la seule considération qui prévale. Alors, sans aucun doute, demain, ils reprendront leurs drapeaux et leurs banderoles pour soutenir les chrétiens d'Irak. Je serai alors, une fois de plus, ravi de les retrouver à mes côtés car
Œcuméniquement leur.