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Chroniques au Val

Ligericus sum, nil Ligeris a me alienum puto.

L'œuvre d'une vie

La vie après.

Il y a 4 ans déjà ... (3)

Georges revient de l'enfer, il a 19 ans et doit se construire un avenir malgré ce passé terrible. Un compagnon de misère, rescapé tout comme lui, le prend dans son garage. L'homme est mécanicien d'aviation et va lui en enseigner tous les secrets durant deux années de reconstruction.

Mais un neveu de son ami veut la place. Georges enrichit alors sa formation d'autodidacte en découvrant, cette fois, l'art des soudures complexes. Il travaille pour la centrale de Chastan. C'est ainsi qu'il a remplacé ces années d'école qu'il n'a pas connues …

À 23 ans, il reprend la carrière paternelle d'où est extrait ce joli calcaire aux belles teintes marbrées. Il la développe d'une manière nouvelle : inventant, pour travailler la pierre, des machines qu'il conçoit,dessine et construit entièrement.

Quand il épouse Josette, il lui offre amour et nouvelle famille mais aussi une position sociale qui ne cesse de s'améliorer. La prospérité de l'après-guerre le pousse vers de belles ambitions. Mais le destin, une fois encore, va le rattraper.

Il s'est associé à un notable de Figeac. Président du club de Rugby, membre du Rotary- club, politique requin. Un vrai bandit, me souffle Josette ! L'homme va profiter d'un accident de chantier qui laisse Georges entre la vie et la mort, éventré par un camion, puis dépouillé par son requin d'associé !

Il faut encore tout reconstruire mais aussi supporter la honte des accusations malpropres. L'homme n'était pas que félon, il trempait également dans de bien vilains ballets roses. De cela, Josette garde au cœur une blessure ouverte : une descente de la police judiciaire en sa maison !

Les loups s'en sortent toujours et ce sont les humbles qui doivent repartir de zéro. Georges et Josette se remettent à l'ouvrage. La carrière étant de nouveau exploitée, Georges fabrique des cheminées avec ses belles machines et va être élu au conseil municipal de Lissac et Mouret, prenant ainsi la suite de son père.

Le couple goûte le bonheur d'avoir un garçon et une fille. Une vie ordinaire, le passé effacé. Pas tout à fait pourtant, il a donné à Georges cette conviction forte qu'il doit agir pour que cela ne se reproduise pas.

De 1983 à 2001, le voici maire attentif, disponible et efficace de sa petite commune. Josette le voit souvent partir mais elle sait que c'est pour la bonne cause. La plus grande fierté de Monsieur Le Maire, c'est d'avoir sauvé son école, la prunelle de ses yeux.

Comme tous ceux qui en furent trop vite privés, Georges a tout fait pour maintenir l'enseignement en son village. Il organise une garderie du matin d'abord, du soir ensuite ; il monte un réseau de ramassage des enfants, il impose une cantinière qui préparera des repas bons comme à la maison.

L'école est sauvée ; il s'attache à améliorer sa ville. Il rénove la place centrale et souhaite la baptiser. Dans ce monde de brutes, il en est toujours pour oser l'impensable ou tout simplement pour ne jamais rien comprendre.

Lors des délibérations, un bien triste personnage propose « Place du Maréchal Pétain ! » La grandeur passée ne doit jamais faire oublier la déchéance et la trahison. Cette proposition infâme est un affront pour Georges ; il prendra seul la décision.

Pour montrer à tous qu'il ne sera jamais de ceux qui acceptent l'impensable, qui se prosternent devant les puissants du moment, son village aura sa «Place Jean Moulin ».

Rebellement vôtre

L'œuvre d'une vie
L'œuvre d'une vie
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K
Jean Moulin incarne le héro français le plus illustre face à l'ignominie. Il est de ces personnes qui, au pied du mur, ne pouvant plus reculer, transgresse le mal, le charge l'abîme et le viole par le plus bel éblouissement. Mais aujourd'hui la mémoire d'un tel personnage n'est que poussière sépulcrale. Son âme n'hante plus les esprits de la nouvelle génération. Les moutons préfèrent les quenelles à la mémoire. C'est là, le grand échec politique en matière d'éducation nationale : les esprits sont vides et savourent l'infâme. La misère humaine des riches c'est d'ignorer ou de mépriser les pauvres, et celle des pauvres, c'est d'éprouver colères et haines. <br /> Dans notre France actuelle, divisée entre la communauté des élites Judéo-Chrétiennes, maçonnique, et les identités nationalistes et religieuses exacerbées dans les campagnes et les ghettos, cette apartheid entre une France d'en haut unie par la fortune et une France d'en bas déchirée par la haine, aurait attristé Jean Moulin. Et nous, classe moyenne en sommes les otages.
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C
Kakashi<br /> <br /> Que c’est bien dit !<br /> Oui nous sommes les contemporains d’une déliquescence sociale et culturelle sans précédent il me semble. Le langage devient un véhicule de haine et de vulgarité, il n’est plus question de culture et d’histoire, nos voisins s’enfoncent dans une vie sans relief ni réflexion. Jean Moulin n’est plus rien ni aucun autre héros. Les seules célébrités sont des potiches de la télévision. Circulez, il n’y a plus rien à savoir